Sunday, May 30, 2010

La crise de l'euro devrait sonner l'alarme au Canada - Argent

Contenue fournis par:
Sharon Singleton et Stefania Moretti
Argent

Selon des économistes, la crise de la dette souveraine qui secoue l'Europe devrait inciter le Canada à consacrer toute son énergie à maîtriser son déficit budgétaire et à s'attaquer à des questions comme la réforme des pensions.

Bien que le Canada soit un modèle en ce qui concerne la responsabilité fiscale, le pays fait néanmoins face au même genre de problèmes à long terme que ceux qui sont au coeur de la crise en Europe. Le vieillissement de la population fait exploser le coût des régimes de pension et du système de santé. Le Canada doit à tout prix éviter d'être complaisant face à cette situation.

«Nous avons tendance à surmonter les crises en dépensant plus, mais les immenses déficits que cette façon de faire a engendrés nous incitent à sonner l'alarme», a déclaré Thorsten Koeppl, professeur d'économie à la Queens University.

«De graves problèmes se pointent à l'horizon à cause de l'augmentation de coûts de l'éducation et d'un système de santé qui n'est pas viable dans sa forme actuelle.»

Selon un rapport du Groupe financier Banque TD publié cette semaine, si les tendances actuelles quant aux dépenses dans le système de santé de l'Ontario se maintiennent, celui-ci accaparera 80 % du programme budgétaire total de la province en 2030, et d'autres provinces sont dans une situation similaire.

L'Union européenne et le Fonds monétaire international ont dû amasser près de 145 G$ afin de venir en aide à la Grèce, dont le gouvernement est aux prises avec un déficit représentant 13,6 % de son produit intérieur brut après avoir vécu au-dessus de ses moyens pendant de nombreuses années.

De plus, les mesures de stimulation économique sans précédent qui ont suivi l'effondrement financier de 2008 ont poussé le problème de la dette en Grèce dans une zone critique et d'autres pays lourdement endettés comme le Portugal et l'Espagne pourraient bientôt lui emboîter le pas.

La crise grecque ébranle de nombreux marchés boursiers, qui craignent que le pays ne parvienne pas à rembourser sa dette, ce qui aurait des effets très néfastes sur certaines des plus grandes banques européennes. De plus, les sévères mesures d'austérité mises en place pour reprendre le contrôle des budgets de l'Europe pourraient avoir un impact négatif sur la croissance économique mondiale et la demande pour les produits de base.

L'économie florissante du Canada n'est toutefois pas directement en danger à cause de cette crise, selon ces experts. Les exportations vers la zone euro ne représentent que 9 % des exportations totales du pays, ce qui est loin derrière celles vers les États-Unis, un pays dont l'économie montre d'ailleurs des signes encourageants de reprise.

Les banques canadiennes sont très peu exposées à la crise grecque et le déficit du gouvernement fédéral ne représente que 3,1 % du PIB. Toutefois, cette situation en apparence très enviable cache peut-être une tout autre histoire au niveau provincial.

«Il existe de très grandes différences entre les divers plans de réduction du déficit», explique le directeur de l'analyse économique chez Groupe financier Banque TD, Derek Burleton.

«Comme le Canada n'a pas autant de problèmes avec sa dette que d'autres pays, il semble y avoir une tendance à y faire face avec plus de lenteur, en laissant les mesures de stimulation faire seules le travail.»

Ceci pourrait devenir problématique si les taux d'intérêt augmentent plus rapidement que prévu. L'augmentation des dépenses signifierait alors l'augmentation des emprunts, a-t-il poursuivi.

«Le Canada se retrouve dans une drôle de situation : le budget fédéral est en meilleure posture que celui des provinces» précise Koeppl. «Il y a beaucoup d'endettement dans les provinces.»

Cette année, le ratio net de la dette par rapport au PIB de l'Ontario se situe à 34,1 %, tandis que celui du Québec se situe à 47,6 % et celui de la Nouvelle-Écosse à 39,3 %, selon des données de la RBC.

«Au cours des prochaines années, les provinces feront face à deux scénarios possibles : une augmentation de la dette ou des déficits budgétaires prolongés», ajoute l'économiste en chef de la CIBC Avery Shenfeld.



«Toutefois, même si on calcule le déficit des provinces, le déficit total du Canada se situe tout de même autour de 5 % du PIB, ce qui est deux fois moins que celui des États-Unis et de plusieurs pays européens », conclut-il.

présenté par FX-PQ Forex Quebec